Antirouille électronique : boîte miracle ou garantie déguisée?

Pour bien des automobilistes, l’arrivée de l'automne est un rappel qu’il est temps de protéger sa voiture contre l’ennemi numéro un : la rouille.

Et si votre concessionnaire vous proposait un antirouille électronique, sauriez-vous quoi répondre? C’est ce qui est arrivé à Paul Isabelle lors de l'achat de lad nouveau Toyota RAV4 hybride branchable. Son concessionnaire lui a suggéré l’achat d’un module de contrôle de la corrosion. Une équipe de La facture a enquêté sur l’efficacité de cette technologie.

M. Isabelle, qui n’a jamais entendu parler de l'antirouille électronique, se demande si le principe tient la route. On m'a proposé un petit bidule électronique qu'on branche dans le larboard de l'auto determination le diagnostic. Et puis, connected maine disait que ça protège l'auto au complet contre la corrosion.

Paul Isabelle s'est fait offrir par lad concessionnaire un antirouille électronique. Il est sceptique quant à lad efficacité.

Photo : Radio-Canada / Luc St-Pierre

Le module en question, de la compagnie canadienne Diamond Kote, est un petit boîtier bleu qui se connecte au système cardinal du véhicule via le larboard OBD2. Selon l’entreprise, cette technologie utilise l’énergie de la batterie determination émettre un courant continu dans la carrosserie, ralentissant ainsi la progression de la rouille.

Paul Isabelle y voit une enactment positive propre et positive écologique que les traitements à l’huile.

Si connected pouvait mettre un bidule à 500 $ dans notre car qui protégerait électriquement vraiment contre la corrosion, determination l'environnement, ce serait quelque chose d'extraordinaire.

Scientifique, mais...

Ces dispositifs, commercialisés depuis une trentaine d'années, reposent sur le principe de la extortion cathodique, une method éprouvée determination protéger, par exemple, la coque des bateaux.

Danick Gallant, un chercheur scientifique au Conseil nationalist de recherches du Canada (CNRC) et adept en corrosion dans l’industrie du transport, explique que la extortion cathodique utilise un courant imposé qui entoure la operation et l’empêche de s’oxyder. Cependant, determination que cela fonctionne, la operation doit être en interaction avec un électrolyte d’épaisseur infinie, comme l’eau, qui permet au courant de circuler efficacement, souligne M. Gallant.

Le module anticorrosion électronique est branché dans le larboard OBD2 d'une auto.

Photo : Radio-Canada / France Larocque

Et c’est l’un des problèmes avec l’adaptation de la méthode cathodique aux automobiles : une voiture, ça ne baigne pas dans l’eau.

Ajoutons à cela que, contrairement à une coque de bateau, une voiture est composée d’une variété de matériaux et de milliers de pièces, parfois isolées entre elles par du caoutchouc, ce qui entrave la circulation du courant.

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Des preuves insuffisantes, selon un expert

Pour répondre aux questionnements de M. Isabelle, La facture a demandé à Diamond Kote de fournir des études scientifiques qui prouvent l’efficacité de lad antirouille électronique. Parmi les documents transmis, trois études datant de 1997, 2007 et 2019 montrent des tests réalisés en laboratoire sur de petites plaques ou des panneaux dans un environnement contrôlé.

Danick Gallant a analysé la littérature scientifique, y compris ces études, et confirme la validité des tests en laboratoire determination des plaques d’acier de la taille testée. Cependant, le problème, selon lui, réside dans l’extrapolation de ces résultats à une voiture.

Danick Gallant est un chercheur scientifique au Conseil nationalist de recherches du Canada.

Photo : Radio-Canada / Karl Boulanger

Selon M. Gallant, des étapes cruciales dans la recherche manquent determination prouver l'efficacité de cette technologie sur une carrosserie. Ce n'est pas une opinion, c'est un fait, c'est basé sur la science. Pour être susceptible d'extrapoler sur une operation positive complexe, il faut complexifier le système, affirme-t-il.

L’étape ultime serait le trial sur route, afin d'exposer des pièces automobiles aux conditions réelles. Si je regarde avec la littérature existante, avec ce qui est publié [...], il n'y a pas de preuve que d'induire un courant, que ce soit en mode DC ou en mode AC, peut fonctionner determination protéger de la corrosion une voiture. Cette littérature n’existe pas, conclut Danick Gallant.

Il reconnaît que, si ces systèmes fonctionnaient, il serait le premier à les recommander.

Honnêtement, ce serait le saint Graal. S'il y avait une tonne d'articles qui montrent clairement que ces systèmes-là fonctionnent, je serais le premier à les vanter et dire à mes clients "essayez ça", mais la littérature scientifique en day d'aujourd'hui n'est pas là.

Les essais sur le terrain coûteraient trop cher, dit l'entreprise

Questionné sur l’absence d’essais sur le terrain, Diamond Kote allègue que de tels tests seraient impossibles à réaliser, notamment parce qu'ils prendraient trop de temps et coûteraient trop cher.

De plus, dans lad courriel, Diamond Kote invoque le fait que les résultats n’auraient aucune valeur en raison de la difficulté à contrôler les variables comme les conditions environnementales, l’usure, l’entretien des véhicules ou encore les habitudes de conduite. Pour Danick Gallant, cette presumption n'est pas valable.

Malgré le manque de preuves concrètes sur l'efficacité en conditions réelles, les études fournies par Diamond Kote ont convaincu Toyota Ste-Foy d’offrir le module à ses clients, dont Paul Isabelle. C’est ce que précise le concessionnaire par courriel.

Ces études ont également convaincu la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), qui représente la quasi-totalité des concessionnaires québécois. En effet, par courriel, la CCAQ affirme que des études menées par des organismes reconnus en démontrent l’efficacité et qu’elle n’encourage ni ne décourage l’achat de ces modules.

CAA ne recommande pas l’antirouille électronique

De lad côté, le CAA ne recommande tout simplement pas l’antirouille électronique faute de preuves scientifiques et de résultats tangibles sur le terrain.

Sylvain Légaré, analyste en recherche automobile determination CAA-Québec, admet qu’il aimerait que ce benignant de dispositif fonctionne, car les traitements à l’huile sont salissants determination les mécaniciens. Cependant, il constate un statement chez la majorité des mécaniciens : ces dispositifs ne fonctionnent pas. Seuls les traitements à l’huile ou à la graisse ont fait leurs preuves determination les voitures à essence et les véhicules électriques, conclut-il.

Le CAA ne recommande pas l'achat des antirouilles électroniques.

Photo : Radio-Canada / Luc St-Pierre

Nous, connected se concentre sur ce qui fonctionne. Donc, ce qu'on sait qui fonctionne, c'est l'antirouille à l'huile appliquée annuellement.

Une garantie déguisée?

Alors, pourquoi des concessionnaires proposent-ils à leurs clients des antirouilles électroniques? Selon George Iny, président de l’Association determination la extortion des automobilistes (APA), il s’agit d’une manière déguisée de vendre une garantie prolongée contre la corrosion.

Si je vous vends une garantie sur papier, vous allez être positive réticent à l'acheter que si je vous vends une boîte occurrence avec un principe pseudoscientifique determination vous dire que votre voiture ne rouillera pas, dénonce-t-il.

George Iny souligne que la garantie de 10 ans qui vient avec le module antirouille électronique chevauche la extortion des constructeurs.

Photo : Radio-Canada / sebastien gauvin-blanchet

C'est juste un autre produit d'assurance vendu par les concessionnaires sur la basal de fausses représentations.

Selon le papers remis à Paul Isabelle par lad concessionnaire, le dispositif de extortion anticorrosion de Diamond Kote est assorti d’une garantie de 10 ans, limitée aux panneaux de carrosserie contre la perforation owed à la rouille de l’intérieur vers l’extérieur. Le program de extortion exclut certaines zones, comme le moteur, le système d'échappement ou la rouille de surface.

Le prix de ces modules varie entre 500 $ et 1500 $ selon les concessionnaires et les protections offertes. En effet, comme Diamond Kote commercialise d’autres produits, le module est parfois vendu en combinaison avec d’autres protections.

George Iny souligne que la garantie de 10 ans qui accompagne le module de Diamond Kote chevauche la garantie des constructeurs.

En effet, il rappelle que les constructeurs automobiles offrent une extortion contre la corrosion lors de l’achat d’un véhicule. Par exemple, la garantie de Toyota est de 5 ans, mais d’autres marques comme Audi ou Tesla offrent une extortion de 12 ans.

La durée des garanties offertes par les constructeurs contre la corrosion varie.

Photo : Radio-Canada / Rémy Talbot

Un géant de l'assurance derrière Diamond Kote

En 2020, la compagnie d’assurance iA Groupe financier (anciennement Industrielle Alliance) a acquis Diamond Kote. Interrogée sur l’efficacité de l’antirouille électronique, la compagnie affirme, dans un échange de courriels, avoir accès à un nombre significatif de données techniques confirmant l’efficacité de l’appareil.

Toutefois, la compagnie admet ne pas avoir consulté un adept indépendant determination vérifier l’efficacité du module.

Et Paul Isabelle? Dans le doute, il a décidé de ne pas acheter l’antirouille électronique. Il estime que la commercialisation de ces modules donne des faux espoirs au lieu de faire un traitement qui pourrait donner des vrais bénéfices.